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Notre patrimoine

Photo en couleurs de la façade d'un immeuble sur la commune de Serres.

Informations utiles

Historique de Serres

La partie haute de la ville ancienne de Serres est le résultat des développements successifs des premières implantations du Moyen Âge jusqu’au XVIIIème siècle. En parcourant ce secteur on retrouve des traces, des vestiges de ces différentes époques comme les anciennes portes de remparts, les galeries voûtées.

La ville haute a conservé une forte identité médiévale par des dispositifs urbains représentatifs de cette période historique: des ruelles étroites et sinueuses délimitées de part et d’autre par des bâtis hauts, de nombreux soustets, typiques des villages perchés provençaux, soulignant le fort dénivellement entre les rues, des parcelles étroites.

Contrairement à certains villages perchés qui ont connu une décroissance démographique causant l’abandon et par la suite la ruine de quartiers d’habitations, Serres a conservé la plus grande partie de son emprise médiévale, seuls son château, ses fortifications et une portion de sa partie haute ont disparu.

Le terme occitan de « serre » désigne couramment une colline, une crête, une hauteur de forme allongée. Cette explication convient parfaitement au village de Serres, dominé et entouré de tels reliefs. Le -s final du mot Serres est apparu petit à petit et adopté au XIXe siècle. On lit la forme de Serre dans les archives de l’ancien régime. Résultat : SERRES est un palindrome – on lit la même chose à l’endroit et à l’envers. Un ancien prêtre avait composé, à propos du lieu, le calembour suivant : « deux airs dans un esprit » (« deux r dans un s pris »).

Période préhistorique

Les Préalpes du Sud sont très tôt habitées grâce à un milieu naturel propice. Le peuplement y est important comme en témoignent les nombreux tumuli (sépultures surmontées d’un monticule de forme circulaire) retrouvés. La présence de population est attestée 5000 ans avant J-C. dans le territoire Serrois par la découverte d’outillage primitif.

Au sommet de la butte de la Petite Gineste, a été retrouvé un refuge temporaire pour la population vivant habituellement sur les terrasses fluviales. On a identifié des traces de maçonneries d’anciens murs de ce camp retranché, appelé « Castellar Ligure » (Les Ligures sont un peuple du Sud-Est de la Gaule et du Nord de l’Italie vers VI°s. avant J-C)

Période gallo-romaine

Vers le II°s. avant J-C, la vallée du Buëch, était occupée par les Voconces. Cette tribu celtique qui affronta les troupes romaines, fut soumise, comme l’ensemble de la Gaule Narbonnaise, en l’an 121 avant J-C. et contracta avec Rome 50 ans plus tard, une alliance qui sembla avoir restauré la paix et le commerce autour des capitales Voconces : Luc (en Diois) et Vaison-la-Romaine.

Le monde gallo-romain ne se limitait pas aux agglomérations comme Aix-en-Provence ou Vaison-la-Romaine, entre les grandes voies d’accès, un maillage serré de routes secondaires, plus modestes, reliait les vallées comme celle du Buëch.

La principale cité gallo-romaine, dans la région, se trouvait en amont de Serres, sur l’actuel territoire de La Bâtie-Montsaléon. Appelé à l’époque «Mons Seleucus», la ville était située à proximité du croisement de deux grandes voies, l’une reliant Valence à Turin et l’autre Genève à Fréjus.

Période médiévale

La première mention du castrum de Serres, Cerredum, apparaît en 988 dans le testament du Clerc Richaud. On peut donc envisager l’origine du château sur le rocher et y voir les prémices du futur bourg.

L’émergence de la féodalité aboutit à la mise en place, dans les Baronnies, d’un réseau de castra dont les possesseurs entretiennent entre eux des relations de dépendances. Elle est à l’origine de l’organisation du pouvoir des grandes familles sur ce territoire. Les seigneurs féodaux veillent à assurer l’encadrement religieux des populations qu’ils contrôlent. Les castra sont ainsi dotés d’églises ou de chapelles et viennent concurrencer les anciennes églises du haut Moyen-Age.

Ceux qui ont été préservés prennent aujourd’hui l’allure de villages perchés.

Les XIIème et XIIIème siècle connaissent une croissance démographique et économique très importante.

La seigneurie banale permet la multiplication de moulins à blés, installés le long de cours d’eau ou de dérivation. Les itinéraires gallo-romains disparaissent progressivement, faute d’entretien, à cause de morcellement des pouvoirs locaux. Les abords des rivières sont abandonnés au profit d’itinéraires à mi-pentes qui empruntent les cols pour passer d’une vallée à une autre.

Période du XIV° au XV° siècle

Au début du XIV°s, l’intégration dans le Dauphiné et l’installation de la Papauté à Avignon jusqu’en 1377 entraînent, pendant quelques décennies, une prospérité qui vient de l’extérieur. Les villes et bourgs des Baronnies se développent. Serres devient ainsi un chef-lieu du bailliage du Gapençais. (Circonscription administrative et judiciaire) de 1298 jusqu’en 1512.

Avant le XIV°s., l’enceinte de Serres, très restreinte, englobait l’Eglise, de la porte Ballon au portail de Guïre.

Sur la limite devait également se trouver une autre porte dite «de Farine». La prospérité de la ville favorise son évolution et un faubourg est organisé le long d’axes de circulation. De cette époque datent la porte de Saint-Claude, entrée Nord-Est de la ville, le nouveau quartier marchand du Bourg Reynaud, le quartier du Bourg, la tour dite de Molend et le Portalet.

Période du XV° au XVI° siècle

La ville de Serres continue son expansion. La construction de nouveaux remparts s’impose pour l’agrandissement de la ville. Les quartiers du Bourg et de l’Auche s’étendent en direction de l’Ouest, où la porte de Sainte-Catherine est construite en 1543. Au XVI°s., le quartier du Bourg accueillait de belles demeures dues à la richesse de leurs propriétaires, des petits artisans et de nombreuses « hostelleries ». Parmi les belles demeures, on note l’actuelle mairie qui possède une façade remarquable et notamment sa porte monumentale surmontée d’un fronton triangulaire et encadrée de piédroits en calcaire gris blanc. Cette porte fut achevée fin XVIe siècle par Gaspard de Perrinet, proche de Lesdiguières, qui va faire construire le château de Laragne. Celle-ci a été classée monument historique en 1927. La place de la Piarre, avec ses voûtes, à l’intérieur des remparts accueillait un important marché. Un «hospital» donnait sur la place, démoli vers le milieu du XIX°s. L’actuelle rue Henri-Peuzin, rue Droite à l’époque, accueille également des maisons remarquables. On notera ainsi, la maison dite « du bailliage » qui présente une belle porte, pouvant dater du XVIIème siècle, et une tourelle d’escalier en saillie sur la façade. La maison dite « de Lesdiguières » est également implantée sur cette rue. La façade, le vestibule, l’escalier et le puits de lumière de cette demeure ont été classés au titre des Monuments Historiques en 2000. On attribue ces éléments extérieurs et intérieurs remarquables à Lesdiguières, seigneur de Serres à partir de 1576. En 1633, le château et la citadelle sont démolis sur ordre de Richelieu. La chapelle Bonsecours est construite sur l’emplacement de l’ancien château en 1730.

Période du XVIII° au XIX° siècle

Au cours de cette période, le paysage se transforme. La région connaît un mouvement de réoccupation des terroirs. De nouvelles terres sont exploitées et de nombreuses fermes isolées sont progressivement construites. A Serres, la déforestation, l’endiguement de torrents et du Buëch modifient considérablement le paysage. Ces évolutions territoriales et l’augmentation progressive de la population, entraînent une mutation du village, qui s’étend au-delà des murailles médiévales.

Ainsi, des faubourgs se développent comme celui de Roche Perthusa, en bas du rocher du même nom, le quartier des Barillons, celui des Calottes sur la route de Gap, où se trouvait l’ancien relais de poste. La route de Nyons, bordée de maisons plus modestes, clôture l’ancien village.

De petites industries se développent utilisant l’énergie de l’eau (moulins, fours à chaux, usines hydroélectriques). Le chemin de fer arrive à Serres en 1875. Le réseau routier est d’ores et déjà mis en place à partir du début du XIX°s.

De belles demeures sont construites hors les murs sur la rive droite du Buëch, où se trouvent les meilleures terres du terroir de Serres. Ainsi, celle de la famille Grimaud, qui était la propriétaire de la pépinière départementale de mûriers créée en 1832, pour l’élevage des vers à soie.

En 1880, l’école mixte est construite. A l’origine, seul existait le bâtiment central. C’est en 1930, que les ailes latérales ont été rajoutées. Le cadran solaire présent sur la façade centrale a été inscrit au titre des monuments historiques partiellement en 1996.

Période du XX° au XXI° siècle

Après la Première Guerre mondiale, les petites industries traditionnelles disparaissent peu à peu. Serres devient l’un des centres les plus importants de ramassage et d’exportation de fruits. Le reboisement de la commune s’effectuera entre 1904 et 1930.

Après la guerre de 1939-1945, la démographie baisse. Afin de redynamiser le village la municipalité réalise le « Village-Retraite » la cité Lambert dans le quartier de la Digue et en bas de la forêt de la Flamenche. La construction du chemin du Haut Serres – l’actuelle rue du Château – permit d’ajouter un autre secteur urbanisé au-dessus de la ville.

PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET URBAIN

Le centre historique de Serres, qui a conservé son caractère médiéval (bâti et espace public), est composé de bâtis étroits et hauts que l’on a distingués dans une typologie de « maisons perchées ». On note dans les rues principales, et particulièrement rue Henri-Peuzin, la présence de nombreuses devantures en noyer des anciens commerces.

À ce cœur médiéval, se sont greffés des faubourgs construits aux XIX° et XX° siècles. Ils se sont développés le long des voies d’accès principales et traversantes de la ville. La plus grande partie des rez-de-chaussée est consacrée à des commerces et les étages à un ou plusieurs logements.

La commune possède 4 éléments historiques remarquables protégés (monuments historiques inscrits ou classés), ainsi qu’un Site Patrimonial Remarquable (ancienne AVAP) approuvé le 27/07/2017.

MONUMENTS : LES ÉDIFICES REMARQUABLES

LA MAISON DITE DE LESDIGUIÈRES

Éléments historiques

Durant les guerres de religion, Serres devient l’un des bastions du protestantisme, sa seigneurie est achetée par Lesdiguières, chef des protestants en Dauphiné, en 1576.

Les grandes familles serroises protestantes, ralliées très tôt à la religion réformée, sont des proches de Lesdiguières. Elles constituent une force d’appui de son pouvoir. De nombreux notables sont pourvus de charges officielles pour l’administration de la ville, châtelains-gouverneurs, consuls, et dans les armées, capitaines, lieutenants. Les seigneurs, résidant à Serres, apportent leur soutien par leur fortune et leur engagement dans les combats. Après la signature de l’Édit de Nantes, en 1598, promu lieutenant général de Roi en Dauphiné par Henri IV, Lesdiguières séjourne plusieurs fois à Serres, maintenu « place de sûreté » des protestants.

La puissance et la prospérité dont la ville jouit alors se traduisent notamment dans son architecture. Un acte atteste que le seigneur de Serres y a « fait construire des grands bastiments, fait plusieurs artifices et adjancements excédants en valeur trois cent mille livres. ».  Affichant un luxe peu courant, la maison à la riche façade lui est attribuée. Elle est entourée des belles demeures de ses fidèles lieutenants construites le long de la rue principale.

François de Bonne, Duc de Lesdiguières,

pair et connétable de France, seigneur de Serres

Né en 1543, à Saint-Bonnet-en-Champsaur, il a joué un rôle capital durant les guerres de religion, soutenant la cause de son ami et futur roi de France, Henri IV. La lutte armée commence en 1562 à l’ouest du Dauphiné, sous le commandement de Montbrun, chef des protestants, à sa mort, en 1575, le sire de Les Diguières lui succède. Depuis son quartier général de Serres dont il a acheté la seigneurie en 1576, il reprend la lutte en 1580, et s’empare notamment d’Embrun. Surnommé « le roi des montagnes » ou encore « le renard du Dauphiné », Lesdiguières s’est illustré dans de brillantes victoires contre la Ligue des catholiques et contre la Savoie.

Dès la mort de Henri III, en 1589, Henri IV confie à Lesdiguières le soin de pacifier le Dauphiné. Nommé en 1597 Lieutenant Général, il est chargé de faire appliquer l’Édit de Nantes qui autorisait, outre le culte, les places de sûreté d’Embrun, de Gap et de Serres.

Cependant, Lesdiguières perd au cours des temps la confiance des protestants en adoptant le parti de la politique du souverain Louis XIII. Il finit par abjurer le protestantisme en 1622, à Grenoble, choix politique plus que religieux, qui lui permet de devenir Connétable de France, c’est-à-dire chef des armées ; il est le dernier à remplir cette charge prestigieuse. Guerrier remarquable, il a été aussi un constructeur : il a fait élever, à Gap, en 1580, la forteresse de Puymaure, dotée des meilleures techniques de fortifications de l’époque, construire des routes et de nombreux ponts en Dauphiné et bâtir, à Grenoble, de grandes digues contre les inondations du Drac et de l’Isère. Pour contrer les incursions savoyardes, il édifie une partie de la citadelle de Grenoble.

Grâce à sa fortune personnelle devenue considérable, il a acheté des terres et investi dans les châteaux de Vizille et de Grenoble ainsi que dans la construction de belles demeures essaimées de Serres à Paris. Il meurt à l’âge de 83 ans, en 1626, son corps est porté dans son château de Diguières dans le Champsaur, près de son lieu de naissance, le Glaizil.

 

L’édifice

La maison dite « de Lesdiguières » datée de 1587, a été très bien restaurée par ses propriétaires actuels. Elle a été classée au titre des monuments historiques en 2000.

Éclairant par ses couleurs le bâti en pierre de la rue étroite, la façade inattendue provoque étonnement et admiration. Un recul est nécessaire pour prendre la mesure de sa hauteur et apprécier la richesse de sa décoration.

La façade

La variété des éléments architecturaux et des détails ornementaux se révèle dans un second temps, nous vous en proposons la découverte.

Tout d’abord, les pigments colorés employés : ils passent du noir pour le rez-de-chaussée à l’ocre pour le second niveau et au blanc cassé pour l’étage supérieur. Cette gradation du sombre au clair a une valeur symbolique d’élévation depuis la terre vers les cieux.

Ensuite, les différents styles employés, selon les niveaux également. Le bas très sobre se rattache à une configuration propre au Moyen-âge. La porte piétonne étroite, surmontée d’un oculus ovale, est suivie d’une large ouverture cintrée donnant accès à un local de service, écurie ou boutique. Les étages supérieurs, dits étages nobles, sont percés d’une fenêtre à croisée entourée de pilastres couronnés de chapiteaux d’ordre toscan pour le premier, ionique pour le second. Les corniches horizontales, supportées par des consoles à volutes, rythment la succession des niveaux.

Enfin, des détails ornementaux complètent le décor : une tête de lion avec crinière surmonte la large porte du rez-de-chaussée ; au-dessus de la première fenêtre est sculptée une tête de femme que l’on dit être celle de Marie Vignon, seconde épouse de Lesdiguières.

L’architecture intérieure

La décoration intérieure de la demeure correspond à celle de la façade extérieure : les pigments colorés s’éclaircissent avec la hauteur, passant du rouge sombre et noir des salles d’entrée à des tons plus doux de beige rosé pour les étages supérieurs.

Les ordres des chapiteaux extérieurs se superposent de la même façon aux différents niveaux autour de l’escalier éclairé par un puits de lumière.

L’une des caves donne sur un soustet, petit passage couvert, en-dessous de la rue Henri- Peuzin, il serait l’une des traces de l’ancien rempart du XIIIe siècle.

Marie Vignon (1576-1657), deuxième épouse de Lesdiguières.

D’extraction modeste, fille d’un marchand grenoblois, elle est mariée à Ennemond Matel, marchand de soie. Remarquée par Lesdiguières, chef des protestants, lors de son entrée triomphale dans la ville de Grenoble en 1590, elle devient très vite sa maîtresse. Malgré leurs liens matrimoniaux respectifs, Lesdiguières est marié à Claudine de Béranger, ils engendrent deux filles adultérines, Catherine et Françoise dont la naissance fait scandale.

À la mort de son épouse en 1608, Lesdiguières peut enfin se marier avec Marie Vignon.

Des obstacles persistent cependant qui seront peu à peu éliminés. Le mari gênant disparaît opportunément dans une affaire trouble, son meurtrier pourra s’enfuir sans représailles. Marie, roturière, devient dame de Moirans puis Marquise du Treffort ; bien que de confession catholique, son mariage avec le chef des protestants sera célébré par l’archevêque d’Embrun en 1617.

Peu appréciée de ses contemporains pour sa légèreté, elle aura toutefois une influence bénéfique sur les décisions politiques de son époux.

Photo en couleurs d'un ruelle de la commune de Serres.
Photo d'un flanc de l'église de la commune de Serres.
Photo d'un soustet provençal sur la commune de Serres.
Image d'archive de la foire de Serres.